Biographie
Créatif dans l’âme, j’ai d’abord été un photographe passionné, et ce depuis l’âge de 12 ans. Doué pour le dessin, j’ai cependant toujours fait des aller-retours entre l’hyper-réalisme de la photographie et la liberté totale du dessin et de la peinture de torturer les formes, les couleurs, les perspectives…
Ces expressions picturales restaient essentiellement expérimentales, et j’ai exploré toutes les pistes possibles: huile, pastel, fusain, crayon… et tous les styles, allant même jusqu’à réaliser pendant plusieurs années des dessins humoristiques pour des revues de diffusion nationale. La photo restait mon outil préféré par sa spontanéité, et j’avoue que l’aspect technique ne me déplaisait pas: j’aimais expérimenter des éclairages limites, les flous de mouvements et à l’inverse les images prise à très grande vitesse d’exposition.
L’arrivée du numérique a révélé de nombreuses possibilités nouvelles, et j’ai commencé à jouer avec l’art digital. Avec le temps, mes photographies devenaient de plus en plus picturales et abstraites. Cela m’a amené à revenir au dessin et à la peinture, sans pour autant abandonner la photographie.
J’ai decidé pour un temps au moins d’explorer préférentiellement le dessin au stylo Bic, afin de développer une technique de dessin à la croisée de l’abstrait et du figuratif, que je baptiserais de “l’art suggestif”. Ce sont ces recherches artistiques que j’ai décidé de mettre en avant sur ce site.
Démarche artistique
Je réalise des portraits à partir de tracés pseudo-aléatoires, réalisés au stylo bille, à l’encre ou au crayon. Ces entrelacs de lignes, apparemment désordonnés, sont le terreau dans lequel j’essaie de faire émerger des visages — des présences fragiles, parfois hésitantes, qui semblent se former à la lisière du chaos.
Ma recherche se nourrit de cette tension : entre désordre et construction, entre automatisme et intention, entre abstraction et figuration. Ce qui m’intéresse, ce n’est pas la ressemblance, mais la vibration, l’ambiguïté, la manière dont un regard peut apparaître à travers le tremblement d’une ligne. Chaque portrait est une tentative d’approcher une forme d’humanité diffuse, incertaine, mais palpable.
Pour cela, j’ai conçu un outil personnel, une sorte de « pinceau à lignes errantes », qui me permet d’ébaucher une image numérique en modulant en temps réel les paramètres du tracé en cours. Le dessin vectoriel ainsi généré appartient à une esthétique proche de celle que l’on désigne parfois sous le terme de scribble dans le champ de l’art génératif.
Je retravaille ensuite longuement l’image afin d’en extraire une émotion la plus présente possible. C’est au moment de sa matérialisation sur son support que j’interprète graphiquement l’œuvre : choix des traits, des vecteurs, des épaisseurs ou des couleurs. Certaines pièces sont rehaussées à la main, mais beaucoup tentent d’exprimer le maximum à travers un graphisme minimaliste à l’extrême et qui transcende la magie d’y voir transparaître un visage étonnamment réaliste. J’aime que les portraits restent traversés d’indétermination, comme s’ils hésitaient à exister.
La technique, bien qu’importante dans mon processus, n’est qu’un médium. Comme Jean-Michel Jarre a pu créer une musique étonnante grâce aux instruments électroniques de sa conception, comme Vermeer a pu explorer les ressources de la camera obscura ou Léonard de Vinci celles de la mécanique, de l’optique et de l’anatomie, j’utilise les outils contemporains pour élargir le champ du sensible. Ce qui compte, c’est ce moment où, au milieu d’un entrelacs de lignes sans direction apparente, quelque chose s’organise, un visage affleure, une émotion se laisse deviner. Mon travail invite le spectateur à ce dialogue avec l’ambiguïté, à reconnaître une présence dans un dessin qui semble pourtant fait de hasard.
Chaque œuvre est une tentative de faire naître, au sein d’un désordre apparent, une forme, une densité, une humanité en suspens.